Entrer dans le langage par le plurilinguisme et la multimodalité.
Cette contribution présente une étude menée dans le cadre d’un projet collaboratif réalisé en partenariat avec des enseignantes de maternelle dans une école REP+, une conteuse professionnelle et des mères conteuses. En nous appuyant sur les travaux en sémiotique sociale et gestuelle, nous défendons une perspective plurilittéracique, au sens que lui donne le New London Group, qui prendrait en considération les ressources plurilingues et multimodales dont peut se saisir tout individu pour faire sens (re)construire, donner à voir ou (re)négocier son identité (plurielle) en contexte. Cette perspective invite à déconstruire une appréhension homogène des interactions, de la réalité et des apprentissages fondée uniquement sur le verbal. En réception, tout interlocuteur s’appuie sur une pluralité de ressources sémiotiques, constituées aussi bien des gestes manuels, des répertoires linguistiques que des supports matériels pour élaborer le sens d’un énoncé. Ainsi, nos résultats montrent comment des enfants de 5 ans mobilisent au coup par coup des tactiques multimodales et plurilingues pour faire sens de l’histoire racontée par des mères d’élèves en langue étrangère. Considéré au niveau socio-scolaire, le projet a permis de mettre au jour des effets sur le plan identitaire ainsi que sur celui des apprentissages langagiers.