Au Québec, rares sont les travaux qui offrent un portrait exhaustif des décès portés à l’attention du coroner. Cet article examine 460 enquêtes menées dans le district judiciaire de Trois-Rivières entre 1850 et 1950. À la confluence de la démographie historique et de l’histoire du droit et de l’État, cette documentation, malgré ses biais, permet la reconstitution de l’économie particulière du risque et des vulnérabilités auxquelles les populations d’autrefois faisaient face. L’urbanisation et l’industrialisation ont modifié la fragilité de la vie et la forme que pouvait prendre la mort subite dans le cours d’existences souvent déjà modestes. Il ne faut pas non plus négliger la manière dont ces morts étaient mises en mots, construites discursivement, phénomène qui a varié au fil du temps.