Résumé
Dans le corpus testimonial produit par les survivants des camps de concentration nazis et du génocide des Juifs, on note un certain nombre de textes qui, pratiquant un mimétisme partiel, ne prétendent pas restituer fidèlement la réalité concentrationnaire, mais entendent s’interroger sur la qualité des souvenirs de cette réalité. On sent ainsi une tendance à se démarquer de ces traditions que sont le récit réaliste, la fonction référentielle et l’immersion fictionnelle. Leurs auteurs sont notamment Robert Antelme, Tadeusz Borowski, Charlotte Delbo, Zalmen Gradowski, Imre Kertész, Primo Levi, Piotr Rawicz. Ces textes portent en eux un potentiel critique. La présente étude vise à en dégager les principes stylistiques et les logiques sémantiques afin de mettre en évidence que le passage de l’expérience extrême dans le langage, en lequel consistent ces témoignages, répond à des exigences normatives et rationnelles, non à des questions d’indicibilité.