Inégalités sociales de santé et médecine d’urgence

Author(s):  
A.-L. Féral-Pierssens

En France, le système de santé est basé sur un principe d’universalité et les indicateurs macroscopiques y sont satisfaisants. Toutefois, des inégalités de santé persistent touchant particulièrement les populations vulnérables. Celles-ci peuvent voir s’ériger des barrières financières, institutionnelles ou cognitives qui entravent leur accès aux soins et participent à l’altération de leur état de santé. L’exercice de la médecine d’urgence n’est pas exempté des problématiques soulevées par ces inégalités sociales de santé qu’il s’agisse : du rôle des services d’urgence dans la sanctuarisation de l’accès aux soins ; des pathologies urgentes plus fréquentes ou plus graves observées parmi les populations les plus vulnérables ; de la qualité des soins administrés qui est parfois suboptimale. La première partie de cet article indique ce qui définit la vulnérabilité d’une population puis il présente les spécificités des prises en charge aux urgences. Il détaille ensuite les barrières à l’accès aux soins qui persistent ainsi que les répercussions du renoncement sur le recours aux services d’urgence. Enfin, l’exemple du contexte actuel de la pandémie du Sars-Cov2 permet de mettre en lumière les nombreuses interactions qui existent entre vulnérabilité et état de santé. Les questions de l’organisation de l’offre de soins en amont des urgences et des conditions réelles de son accessibilité pour tous sont des éléments fondamentaux qui impactent la pratique de la médecine d’urgence. Il appartient aussi aux professionnels de s’en saisir et de mobiliser avec force les décideurs publics sur ces sujets.

2015 ◽  
Vol 24 (3) ◽  
pp. 96-103 ◽  
Author(s):  
Sylvie Stachenko ◽  
Jeanine Pommier ◽  
Cécile You ◽  
Marion Porcherie ◽  
Justine Halley ◽  
...  

Depuis le rapport de la Commission sur les Déterminants Sociaux de la Santé, plusieurs pays ont commencé à intégrer à leurs plans de santé la question des déterminants et de leur impact sur les inégalités de santé. En France, la création des Agences Régionales de Santé en 2009 est considérée comme une opportunité pour agir sur les inégalités sociales de santé (ISS) avec les instances régionales, départementales et locales qui détiennent les leviers appropriés. A la suite d’une analyse thématique des projets régionaux de santé, visant à identifier l’intégration des ISS ainsi que les approches retenues pour les aborder, quatre régions ont été étudiées plus finement. Des entretiens collectifs et individuels ( N = 45 interviewés) ont été menés auprès d’acteurs de terrain et institutionnels, afin de mieux comprendre et identifier les types de programmes et processus pour réduire les ISS. Nos analyses font ressortir une prise en compte généralisée des ISS dans les documents de planification et de programmation des instances régionales, des stratégies régionales qui restent centrées sur les populations vulnérables avec une faible considération du gradient social, l’existence d’instances de concertations intersectorielles dans les quatre régions qui constituent un potentiel de gouvernance important à mieux exploiter, l’existence de modalités de suivi et d’évaluation des ISS qui restent à consolider, et une forte mobilisation de plusieurs secteurs dans les processus régionaux de consultation des publics et des acteurs, mais des résultats variables, souvent reliés au niveau de ressources investies et des approches privilégiées. L’analyse de ces expériences françaises démontre un intérêt croissant pour l’action sur les déterminants sociaux de la santé et les ISS ; mais leur opérationnalisation, toujours en cours, appelle à des analyses plus fines qui permettront de mieux éclairer les politiques publiques.


Author(s):  
Stéphane Tessier ◽  
Anaëlle Lindivat

De plus en plus d’anciens travailleurs migrants passent leur retraite en France malgré, pour certains, une faible francophonie. Si leur accès aux soins est relativement aisé, cette mauvaise connaissance du français les exclut des accompagnements éducatifs. Comme toute la population, ces retraités souffrent de pathologies chroniques avec en particulier une grande prévalence du diabète. L’objectif du projet est donc d’amener cet accompagnement éducatif au plus près des patients sur leur lieu de vie, en ayant recours à des traducteurs locaux. L’arrivée d’une médiatrice sociale au sein d’un très gros foyer (550 places) à Vitry-sur-Seine a permis de mobiliser les patients et les traducteurs autour d’une série de 5 séances thématisées et traduites en Bambara et en Soninké. Ces sessions ont été préparées en amont par une formation spécifique des traducteurs et l’envoi de leur contenu par écrit. Le succès de l’action formulé tant par les patients que par les traducteurs et la médiatrice sociale pousse à la renouveler autour des questions cardiovasculaires. Les enjeux éthiques et méthodologiques d’un tel dispositif sont discutés, en particulier dans la lutte contre les inégalités sociales de santé.


2005 ◽  
Vol 8 (3) ◽  
pp. 31 ◽  
Author(s):  
Pierre Lombrail ◽  
Jean Pascal

2019 ◽  
pp. 57-65
Author(s):  
B Sanogo ◽  
B Diarra ◽  
H Sangho ◽  
A Ag iknane

Introduction: Le respect des besoins et souhaits des patients est central dans tout système de santé. Présentée comme un paramètre d'évaluation des services publics, la satisfaction des usagers est considérée comme un indicateur de la qualité des soins. C'est dans cette optique et suite à de multiples plaintes de la part des usagers que nous avons jugé utile d'étudier la satisfaction des patients hospitalisés dans le district sanitaire de Koutiala. Méthodes: Une étude transversale mixte portant sur 83 patients a été mené de Juin à Juillet 2019. Le questionnaire comparis.ch adapté et traduit en langue locale (Bambara) pour accessibilité a été administré en face à face. Résultats: Avec un sex- ratio de 0,63 en faveur du sexe féminin, l'âge moyen était 39,3 ± 19,5 ans avec des extrêmes de 11-85 ans. Les non scolarisés représentaient 51,81%. La tranche d'âge 18-34 ans représentaient 41%, 47% provenaient des communes urbaines de Koutiala. Le taux de satisfaction globale était 94%. Les principaux éléments associés à une bonne satisfaction étaient : la confiance aux soignants (p 0,002), le délai d'attente en cas de besoin (p 0,04), la sécurité des soins (p 0,017), l'intention de recommander (p10⁻³), la qualité des prestations (p 10⁻³). Ceux incriminés dans l'insatisfaction étaient: l'exigence d'une caution (p 0,003), la vente de médicament par les soignants. Conclusion: La satisfaction globale des patients hospitalisés était liée à une amélioration de leur état de santé, cependant les points d'insatisfactions énumérés constituent des thèmes privilégiés d'action.


2006 ◽  
pp. 45-52 ◽  
Author(s):  
Mélanie Bourque ◽  
Amélie Quesnel-Vallée

Les recherches sur les déterminants sociaux de la santé laissent dans l’ombre les effets des politiques sociales sur les inégalités de santé. Pourtant, le soutien que représentent ces politiques pour une grande partie de la population a pour but, entre autres finalités, de remédier aux inégalités inhérentes aux sociétés capitalistes. Cet article vise à démontrer que les politiques sociales, en l’occurrence les politiques familiales, ont une incidence sur le statut socioéconomique des individus et sur les inégalités sociales de santé.


1990 ◽  
Vol 5 (6) ◽  
pp. 363-373
Author(s):  
D Bailly ◽  
JY Alexandre ◽  
C Collinet ◽  
R Beuscart ◽  
Ph J Parquet

RésuméAfin d'évaluer la fréquence et les manifestations de la dépression à l'adolescence, une enquête a été réalisée auprès de 744 lycéens (439 garçons et 305 filles), âgés de 14 à 23 ans, et appartenant à 15 établissements d'enseignement du second degré du département du Nord. La première partie de l'enquête a consisté en la passation de deux autoquestionnaires: la version française de l'échelle CES-D (Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale); et un questionnaire destiné à recueillir un certain nombre de renseignements concernant la situation sociodémographique du sujet, son état de santé et celui de ses parents, son mode de vie, ses relations familiales, son degré d'insertion scolaire et sociale. La deuxième partie a consisté en un examen clinique semi-standardisé visant à repérer les adolescents présentant un épisode dépressif majeur selon les critères diagnostiques du DSMIII-R. Sur les 728 lycéens examinés, 32 (18 garçons et 14 filles) présentaient un épisode dépressif majeur (soit une prévalence de 4,4%). Les critères diagnostiques du DSMIII-R les plus discriminants pour l'identification des adolescents déprimés ont été, par ordre d'importance décroissante: l'humeur dépressive, la diminution de l'intérêt ou du plaisir, l'agitation ou le ralentissement psychomoteur, la diminution de la capacité à réfléchir ou à se concentrer, et les idées récurrentes de mort. Le score moyen obtenu à la CES-D chez les adolescents déprimés apparaît très significativement supérieur à celui obtenu chez les adolescents non déprimés (28,9 ±8 vs 13,5 ± 8,2). Enfin, parmi les variables étudiées, certaines apparaissent significativement associées à la dépression; difficultés scolaires, problèmes de santé multiples et variés, attitudes particulières vis-à-vis du poids et de l'alimentation, problèmes de sommeil, conduites antisociales. Des problèmes de santé, en particulier d'ordre psychiatrique, sont aussi plus fréquemment retrouvés chez les parents des adolescents déprimés. En conclusion, cette étude montre que la dépression, dans sa forme typique, n'est pas rare à l'adolescence mais qu'elle est aussi souvent méconnue. C'est dire la nécessité de là rechercher devant tout problème psychopathologique survenant à l'adolescence. C'est dire aussi l'intérêt des études épidémiologiques visant à préciser la phénoménologie de la dépression à cet âge de la vie.


2006 ◽  
pp. 115-124 ◽  
Author(s):  
Jean Pascal ◽  
Hélène Abbey-Huguenin ◽  
Pierre Lombrail

En abordant la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé sous l’angle exclusif de l’amélioration de l’accès aux soins des populations les plus « vulnérables », les politiques et programmes de santé considèrent une seule dimension de ces inégalités, alors qu’elles traversent l’ensemble de la hiérarchie sociale. Or, si les disparités d’accès aux soins préventifs ne constituent pas le déterminant principal des inégalités sociales de santé, dans un modèle de soins français essentiellement curatif, elles ne sont pas négligeables dans leur production. Cependant, les mesures visant à élargir l’accès aux soins de prévention ne sont pas les seules à mettre en oeuvre pour réduire les inégalités sociales de santé, qui traversent l’ensemble de la hiérarchie sociale.


Soins ◽  
2018 ◽  
Vol 63 (825) ◽  
pp. 20-22
Author(s):  
Nicolas Belorgey

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