Inégalités sociales de santé et médecine d’urgence
En France, le système de santé est basé sur un principe d’universalité et les indicateurs macroscopiques y sont satisfaisants. Toutefois, des inégalités de santé persistent touchant particulièrement les populations vulnérables. Celles-ci peuvent voir s’ériger des barrières financières, institutionnelles ou cognitives qui entravent leur accès aux soins et participent à l’altération de leur état de santé. L’exercice de la médecine d’urgence n’est pas exempté des problématiques soulevées par ces inégalités sociales de santé qu’il s’agisse : du rôle des services d’urgence dans la sanctuarisation de l’accès aux soins ; des pathologies urgentes plus fréquentes ou plus graves observées parmi les populations les plus vulnérables ; de la qualité des soins administrés qui est parfois suboptimale. La première partie de cet article indique ce qui définit la vulnérabilité d’une population puis il présente les spécificités des prises en charge aux urgences. Il détaille ensuite les barrières à l’accès aux soins qui persistent ainsi que les répercussions du renoncement sur le recours aux services d’urgence. Enfin, l’exemple du contexte actuel de la pandémie du Sars-Cov2 permet de mettre en lumière les nombreuses interactions qui existent entre vulnérabilité et état de santé. Les questions de l’organisation de l’offre de soins en amont des urgences et des conditions réelles de son accessibilité pour tous sont des éléments fondamentaux qui impactent la pratique de la médecine d’urgence. Il appartient aussi aux professionnels de s’en saisir et de mobiliser avec force les décideurs publics sur ces sujets.