Raymond Aron a parlé de Meinecke dans ses travaux sur l'historiographie allemande : c'est un savant de renom, assez libéral pour défendre l'idée de la République après 1918, assez nationaliste pour ne pas être inquiété par les nazis après 1933. Il aurait, chez nous, siégé à l'Académie. La différence idéologique entre cet Académicien et les nôtres se manifeste cependant sans cesse par de petits faits extrêmement révélateurs qui sont autant de tests du contraste entre l'optique allemande et l'optique française en histoire. Meinecke, le plus naturellement du monde, met sur le même plan les « terroristes sanguinaires » que sont pour lui « Hitler, les chefs mongols du moyen âge et les jacobins de 1793 ». Parmi les « dates sacrées », par contre, il nomme le ier août 1914, « avec son élan sublime de tout un peuple », et l'année 1814 où Boyen introduit en Prusse la'loi du service obligatoire.