L’urbanisation incontrôlée est actuellement considérée comme l’un des défis majeurs que rencontrent les villes algériennes, compte tenu des effets néfastes sur l’environnement et des problèmes engendrés par cette modalité de croissance spatiale. Les espaces agricoles et naturels se trouvent en péril face à l’avancée excessive des surfaces bâties. La mise en œuvre d’un développement urbain durable nécessite une connaissance effective de l’état d’occupation et d’utilisation du sol. Avec les procédures technico-administratives actuelles de planification urbaine, les responsables locaux ne disposent pas d’outils efficaces permettant l’actualisation permanente des données spatiales qui rendraient possible une meilleure gestion de l’étalement rapide des zones urbanisées. Un suivi régulier de l’évolution des extensions urbaines nécessite le recours aux outils techniques et méthodologiques offerts par la télédétection spatiale et les systèmes d’information géographique (SIG). La présente étude consiste à mettre en évidence le processus de croissance spatial caractérisant la ville de Bou-Saâda (Algérie) au cours de la période 1984 – 2020. La méthodologie suivie est basée sur l’analyse multitemporelle des images satellitaires Landsat et l’application de la détection du changement d’utilisation et d’occupation du sol pour la cartographie et la quantification des différentes formes d’urbanisation. Les résultats de la comparaison post-classification des images satellitaires des années 1984, 1996, 2008 et 2020 ont révélé deux tendances spatiotemporelles nettement opposées : un important étalement spatial des surfaces bâties, contre une perte progressive de la palmeraie. Pendant la même période, la tache urbaine a enregistré un gain de surface estimé à plus de 470 ha, tandis que la palmeraie a perdu près de 47 ha. La lecture diachronique des cartes obtenues a permis de distinguer trois formes de croissance spatiale : des extensions en continu avec le tissu existant caractérisent la première période (1984 – 1996) ; un passage du mode continu vers un mode éclaté, après apparition de la nouvelle ville et des quartiers périphériques spontanés s’est manifesté au cours de la seconde période (1996 – 2008) ; un mode de densification des nouvelles zones urbaines domine la dernière période (2008 – 2020). La cartographie du changement d’occupation et d’utilisation du sol a permis l’identification des surfaces agricoles converties en surfaces bâties, et la mise en valeur de l’impact négatif de l’urbanisation incontrôlée sur la palmeraie. La quantification de ces transformations spatiales a montré que près de 40 % de la palmeraie est convertie, soit en surfaces bâties, soit en sols nus. Le suivi de l’évolution des classes d’occupation du sol a également révélé une variation de rythmes d’évolution spatiale. Ces rythmes étaient plus accélérés pendant la dernière période (2008 – 2020), aussi bien pour les surfaces urbanisées, dans un sens croissant, que pour la palmeraie, dans un sens décroissant. Cette étude montre ainsi l’importance de la télédétection spatiale et des SIG comme moyens efficaces permettant le suivi et la compréhension de la croissance des villes et des transformations spatiales accompagnantes.