Dans cet article, Heather Fitzsimmons Frey et Tania Gigliotti cherchent à voir comment les prestations données par les jeunes dans un musée d’histoire vivante encouragent les gens à reconcevoir le passé de manière à y inscrire des futurs potentiels, une agence, des choix et des changements. Leur recherche est basée sur des entretiens effectués auprès de jeunes bénévoles travaillant à Fort Edmonton Park (Edmonton, Alberta) dans le cadre du projet Young People are the Future (2019-20). Ces bénévoles ont été appelés à explorer ce que signifie représenter l’avenir tel que le veulent les discours populaires tout en interprétant le passé colonial d’Edmonton en lien avec les Premières Nations. Fitzsimmons Frey et Gigliotti se servent de constructions culturelles historiques et contemporaines de « la jeunesse » et de « l’adolescence » (Alexander, Comacchio, Harris, Ishiguro, Lesko, van de Water), de cadres empruntés au domaine des études sur l’âge (Gullette, Henderson, Twigg, Woodward), de la théorie brechtienne (Diamond) et de notions liées à la nostalgie (Goulding, Heddon) pour examiner comment les spectacles de reconstitution et les musées d’histoire réussissent à créer un temps non linéaire et syncopé (Schneider). Les jeunes interprètes du parc ouvrent un espace de réflexion critique sur le choix intentionnel dans un lieu qui pourrait être perçu comme étant enraciné et fixe. Soutenus par une souplesse au niveau du style d’interprétation, leurs tenues historiques, le travail sur leur personnage, leurs rapports avec leurs collègues et le pouvoir d’injecter des histoires dans le récit historique qu’ils interprètent, les jeunes bénévoles montrent que le passé peut faire preuve d’autant de souplesse que le peut l’avenir.