Cet article traite des pigments identifiés récemment dans une étude non publiée sur l’état de conservation de la Wellcome Collection qui contient deux manuscrits médicaux du XVIIe siècle. Ces pigments, extraits de produits végétaux et minéraux, remplissaient un double objectif, médicinal et pigmentaire, en fonction de leurs propriétés. L’examen des procédés d’utilisation de ces pigments – notamment par les apothicaires, les médecins, les « médecins de cuisine » et les artisans – révèle l’importance de la couleur en Europe au début de l’ère moderne. La documentation étudiée sur la longue période qui s’étend du XVIe au XVIIIe siècle démontre la persistance des théories médicales traditionnelles. Confronter les livres de recettes, les traités médicaux, les guides de santé, d’une part, et les textes d’artisans d’autre part, dévoile ainsi les frontières floues qui séparent les univers de la médecine et de l’art. Si l’analyse des couleurs effectuée par les conservateurs sur les textes datant du Moyen Âge et du début de l’ère moderne est cruciale pour la préservation des pigments, elle permet également de mieux comprendre quels produits pigmentés étaient alors utilisés, tout en nous renseignant sur la vie et la médecine de cette période.