scholarly journals Comment étudier le soutien apporté aux malades ?

Author(s):  
Adrien Defossez

Cet article porte sur l’analyse comparative de deux approches socio­logiques du soutien social. La première, issue de la sociologie de la maladie chronique, traite des problématiques de gestion de la maladie et ses effets dans la vie quotidienne. Elle conçoit le soutien procuré par l’entourage comme un élément déterminant de l’expérience de la maladie. Une autre approche s’attache à décrire précisément la contribution respective des différents membres de l’entourage en matière de soutien. Mobilisant les concepts issus de l’analyse des réseaux, il s’agit alors de s’intéresser spécifiquement aux types de ressources procurés ainsi qu’aux caractéristiques des relations sociales qui constituent cet entourage aidant. L’article montre en quoi cette seconde approche a ouvert la voie à un questionnement fécond portant sur le processus d’obtention du soutien et présente des pistes de renouvèlement de l’étude du soutien social permettant d’associer à l’analyse appro­fondie de l’expérience de la maladie chronique les apports de l’approche par les réseaux.

Author(s):  
Heather Orpana ◽  
J. Vachon ◽  
C. Pearson ◽  
K. Elliott ◽  
M. Smith ◽  
...  

Introduction Notre objectif visait à étudier les variables liées au bien-être, mesurées par une autoévaluation de la santé mentale (AESM) très positive et une satisfaction élevée à l’égard de la vie (SV) chez des adultes canadiens (âgés de 18 ans et plus) présentant un trouble de l’humeur ou d'anxiété. Méthodologie Nous avons utilisé des données nationales représentatives tirées de l’Enquête sur les personnes ayant une maladie chronique au Canada – Composante des troubles de l’humeur et d’anxiété (EPMCC-TAH) de 2014 afin de décrire l’association entre bien-être et comportements d’autogestion (activité physique, sommeil et méditation) ainsi que stress, adaptation et soutien social perçus. Nous avons eu recours à une régression logistique multivariée pour modéliser la relation entre ces facteurs et les mesures du bien-être. Résultats Environ une personne sur trois atteinte d’un trouble de l’humeur ou d’anxiété a fait état d'une AESM positive. Les modèles de régression logistique ont révélé que plusieurs caractéristiques, comme un âge plus avancé, une autoévaluation de la santé générale positive, des limitations fonctionnelles moins nombreuses ainsi que la perception d’un moindre stress à l’égard de la vie, de meilleures capacités d’adaptation et d’un plus grand soutien social, étaient associées à des niveaux de bien-être plus élevés. Les comportements d’autogestion (entamer une activité physique, méditer, adopter de saines habitudes de sommeil et atteindre un certain nombre d’heures de sommeil chaque nuit) n’étaient pas significativement associés à des mesures du bien-être dans notre modèle multivarié. Conclusion Les adultes canadiens souffrant de troubles de l’humeur ou d'anxiété qui ont déclaré percevoir un niveau de stress plus faible, un plus grand soutien social et une meilleure capacité d’adaptation étaient plus susceptibles de déclarer également des scores de bien-être plus élevés. Cette étude a fourni des données probantes à partir d’un échantillon représentatif de la population montrant qu’il est possible de vivre dans un état de bien-être même en présence d’un trouble de l'humeur ou d'anxiété.


2008 ◽  
Vol 28 (4) ◽  
pp. 166-173
Author(s):  
T. Gadalla

La prévalence des troubles de l’humeur est plus élevée chez les personnes atteintes d’une maladie physique chronique comparativement aux personnes ne souffrant pas d’une telle maladie. Ces troubles augmentent le degré d’incapacité associé à l’affection physique et exercent un effet défavorable sur l’évolution de cette dernière, contribuant ainsi aux difficultés professionnelles, à une perturbation des relations familiales et interpersonnelles, à un mauvais état de santé et au suicide. La présente étude est fondée sur les données recueillies dans l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 3.1 (2005); elle vise à examiner les facteurs associés aux troubles de l’humeur concomitants et à évaluer leur association avec la qualité de vie des personnes vivant en Ontario. Les résultats ont indiqué que les sujets atteints du syndrome de fatigue chronique, de fibromyalgie, d’un trouble intestinal ou d’ulcères gastriques ou intestinaux présentaient les taux les plus élevés de troubles de l’humeur. La probabilité de présenter un trouble de l’humeur concomitant était plus élevée chez les femmes, les célibataires, les démunis, les personnes nées au Canada et les personnes âgées de 30 à 69 ans. La présence de troubles de l’humeur concomitants était associée de manière significative à l’incapacité de courte durée, au besoin d’aide pour exécuter les activités instrumentales de la vie quotidienne et à l’idéation suicidaire. Il convient d’encourager les dispensateurs de soins à dépister de façon proactive les troubles de l’humeur chez les patients atteints d’une maladie chronique, particulièrement dans les sous-groupes considérés comme étant à risque élevé de présenter de tels troubles.


Author(s):  
Francine Ducharme ◽  
Ellen Corin

RÉSUMÉL'objectif principal de cette étude exploratoire était de mettre au point, à partir d'un devis qualitatif inspiré de la méthode ethnographique, une approche de recherche facilitant la compréhension de l'expérience du veuvage et le choix des stratégies adaptatives utilisées suite à la perte du conjoint chez les hommes et les femmes âgés. Des entrevues de type ethnographique ont été réalisées au domicile d'informateurs-clés a l'aide d'un guide semi-dirigé élaboré à partir d'un cadre conceptuel inspiré d'un modèle de gestion du stress. Les entrevues ont été enregistrées, le verbatim retranscrit, et les données ont été codées par deux juges indépendants à partir du cadre conceptuel de l'étude ainsi que des nouvelles catégories générées au moment de l'analyse. Les resultats montrent que la signification du veuvage et le choix des stratégies adaptatives sont influencés par des facteurs personnels reliés à la trajectoire de vie, à la centralité du conjoint et à une perception d'auto-efficacité; des facteurs contextuels tels les standards normatifs et les valeurs culturelles qualifient de fagon différentielle le veuvage des hommes et des femmes. Parmi les stratégies adaptatives utilisées, le recours au soutien social paraît tributaire de caractéristiques qualitatives telles la réciprocité et la fiabilité des sources d'aide. L'approche développée dans le cadre de ce projet permet une meilleure compréhension des facteurs contextuels qui expliquent la variabilité des réactions que développent, sur le plan de la santé mentale, les personnes âgées confrontées à la perte de leur conjoint ainsi qu'à d'autres stresseurs de leur vie quotidienne.


2010 ◽  
Vol 39 (1-2) ◽  
pp. 41-67
Author(s):  
Marie-Chantal Loiselle ◽  
Cécile Michaud

Résumé La maladie chronique fait partie de la vie de nombreux Canadiens. Ceux-ci doivent composer avec les exigences que comporte la gestion de leurs problèmes de santé tout en pratiquant leurs activités de la vie quotidienne. Plus particulièrement, la personne qui souffre d’insuffisance rénale terminale doit s’astreindre à un régime thérapeutique exigeant à cause de la capacité limitée de l’hémodialyse à remplacer le rein. Elle doit prendre des décisions et poser des actions en lien avec son alimentation, sa médication, ses activités sociales ou familiales ainsi que sur la surveillance de son état de santé. Pour intervenir auprès de cette clientèle, nous proposons de délaisser les perspectives d’observance ou d’adhésion aux traitements ainsi que d’autogestion de la maladie chronique pour adopter une perspective d’autogestion de la santé qui est plus cohérente avec une vision humaniste des soins. Cette proposition s’appuie sur des bases philosophique, empirique et clinique, en prenant des exemples tirés des soins des personnes souffrant d’insuffisance rénale chronique terminale. Elle aura pour conséquence le mieux-être des personnes soignées et des personnes soignantes.


2021 ◽  
Vol 78 (6) ◽  
pp. 249-258
Author(s):  
Diane Morin ◽  
Suzette Rémillard ◽  
Alexander Salerno ◽  
Patrik Michel

Résumé. L’Accident vasculaire cérébral (AVC) est un évènement soudain et brutal qui bouleverse tous les aspects de la vie quotidienne. Le patient et les proches devront développer des compétences d’autogestion de cette maladie chronique sur le long terme, en gérant les facteurs de risque, la modification du style de vie et les conséquences. Ces dernières années, des études randomisées ont démontré l’efficacité de l’Education thérapeutique du patient (ETP) et de plusieurs interventions modifiant le style de vie après un AVC. Nous résumons ces connaissances scientifiques et décrivons les aspects pratiques de la mise en œuvre d’un programme d’ETP dans une unité cérébrovasculaire, une démarche indispensable dans le traitement et le suivi des patients cérébrovasculaires.


2019 ◽  
Vol 13 (1) ◽  
pp. 34-38 ◽  
Author(s):  
S. Basier ◽  
M.-C. Pheulpin ◽  
B. Guillonneau

Le diagnostic précoce du cancer de la prostate permet à des patients de choisir de vivre avec un cancer peu menaçant, via une surveillance active (SA) qui mène souvent à une chirurgie, dont les effets secondaires s’inscrivent dans une forme de chronicité, impactant vie quotidienne, image de soi et sexualité. Qu’implique sur le plan psychique de vivre avec un cancer non traité, mais surveillé ? Comment vivre après une intervention chirurgicale aux conséquences mutilantes, handicapantes, portant atteinte au narcissisme ? Objectif : Interroger les remaniements psychiques à l’œuvre chez des patients diagnostiqués d’un cancer de la prostate, opérés soit après plus d’un an de SA, soit sans délai. Méthode : Dans le cadre d’une recherche doctorale en cours, des entretiens semi-directifs sont proposés en préopératoire, six semaines après, puis six mois. Ces entretiens sont appuyés par des autoquestionnaires ainsi que des tests projectifs : le Rorschach et le TAT (Thematic Apperception Test). Résultats : Les patients opérés après avoir vécu une SA ont bénéficié d’une temporalité particulière au cours de laquelle la plupart d’entre eux ont pu accepter l’inacceptable et tolérer l’idée d’avoir un cancer et vivre avec. Si cette période permet à certains de se préparer à l’évolution de leur cancer et à son traitement par ablation, souvent synonyme de guérison, les effets secondaires de la chirurgie restent parfois très difficiles à vivre, surtout lorsqu’ils s’installent dans la durée et impactent le quotidien, constituant alors une nouvelle forme de chronicité. Vivre avec un « corps cancéreux » en SA n’est pas ici une épreuve physique où le corps est le siège de douleurs physiques et de fatigue, mais essentiellement une épreuve psychique. De façon paradoxale, le « corps guéri » subit des transformations en période postopératoire, des bouleversements qui touchent et atteignent l’image que l’homme a de lui-même. Conclusion : Compte tenu des progrès de la médecine dans le dépistage et le traitement curatif du cancer de la prostate, quels sont les enjeux actuels du dépistage précoce ? Peut-on réellement parler de guérison lorsque le vécu subjectif des patients va à l’encontre de la définition habituelle de ce terme ? La « guérison chronique » succéderait-elle à la « maladie chronique » ?


2008 ◽  
Vol 192 (8) ◽  
pp. 1641-1656
Author(s):  
Jean-Paul Dommergues ◽  
Alexia Letierce ◽  
Olivier Bernard ◽  
Dominique Debray

2020 ◽  
Vol 59 (3) ◽  
pp. 248-255
Author(s):  
Jean-Marc Guilé ◽  
Nicolas Benard ◽  
Olivier Bourdon ◽  
Yann Griboval ◽  
Hélène Lahaye ◽  
...  

Une intervention psychothérapeutique protocolisée a été mise au point par Stanley et associés pour aider à prévenir de futurs comportements suicidaires chez les personnes qui ont déjà fait une tentative de suicide. Le plan de sécurité (PS) fournit aux suicidants une planification écrite, personnalisée, étape par étape, des stratégies de protection et d’adaptation (coping) à mettre en œuvre en cas de crise suicidaire. Le PS comprend six éléments informatifs : (1) les signes avant-coureurs liés à une augmentation des impulsions suicidaires; (2) les stratégies d’adaptation internes que l’individu est capable de mettre en œuvre par lui-même; (3) les stratégies d’adaptation à mettre en œuvre avec le soutien d’amis et de parents; (4) les moyens qu’il/elle peut employer pour contacter les personnes significatives au sein de son réseau de soutien social; (5) les professionnels de la santé mentale et les services d’assistance téléphonique à éventuellement contacter en cas d’urgence suicidaire; et (6) les stratégies pour obtenir un environnement plus sûr au domicile. Les PS sont élaborés avec les suicidants au décours de la crise suicidaire. Les suicidants sont encouragés à partager le SP avec un proche de leur réseau de soutien. Ceci est obligatoire avec un suicidant mineur. Le parent ou le responsable légal doit être impliqué dans la préparation et le suivi du PS. Afin d’évaluer en permanence le risque suicidaire de l’individu, les PS sont revus tout au long du suivi thérapeutique. Le SP est une brève intervention, facile à mettre en œuvre à la suite d’une tentative de suicide. On dispose de résultats de recherche prometteurs concernant son efficacité dans la prévention des récidives de conduites auto-agressives.


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